Projet Bosque seco - Envol Vert colombie

     Depuis le 15 janvier, nous sommes à Ovejas, dans la région des Montes de Maria, sur la côte Nord caraïbe de la Colombie, pour travailler avec Envol Vert Colombie !

    Nous apportons notre aide bénévole au projet Bosque Seco, qui vise à développer l’agroforesterie avec les agriculteurs de la région. En pratique, cela consiste à les sensibiliser et les encourager à mélanger plusieurs espèces végétales sur leurs parcelles. Cela permet de revitaliser les sols, augmenter l’humidité et ainsi augmenter la qualité et la quantité des produits. Par ailleurs, mélanger les espèces permet de produire des fruits et des légumes variés, dont la consommation est bénéfique pour la santé et pour le porte monnaie des agriculteurs.

     A Ovejas, les paysans qui participent au programme de préservation de la forêt sèche tropicale travaillent autour de quatre catégories d’arbres : les arbres fruitiers, les légumes, les arbres forestiers, et les arbres fourragers. Les fruitiers (bananes, mangues, papayes…) et les légumes (maïs, yuca, ñame…) sont au cœur du système agroforestier : ce sont eux qui garantissent le revenu des agriculteurs. Les forestiers (campano, ceiba, caracoli…) n’ont aucun apport économique direct, mais leur croissance rapide (jusqu’à 2 mètres par an sous les tropiques), leur grand ombrage et leur vaste système racinaire permet de réguler l’environnement et bénéficie à la croissance des fruitiers. Enfin, les fourragers (guacimo, matarraton…) offrent des vertus similaires aux forestiers avec des gabarits moindres, mais leurs fruits ou leurs feuilles sont comestibles pour les animaux : les agriculteurs n’ont alors plus à nourrir leur bétail, qui lui peut fertiliser les sols avec ses excréments.

     Ci-dessus, voici quelques exemples d’arbres fruitiers qu’on peut trouver dans les parcelles agroforestières du projet. Chaque espèce possède ses vertus et ses besoins (eau, ombre, nutriments…) et il est important d’en tenir compte lors de la conception de la parcelle agroforestière. La mangue et le bananier peuvent donc être associés à l’ananas ou la fleur de Jamaïque par exemple, afin que l’ombrage des premiers bénéficient aux seconds.

     Envol Vert nous a demandé de recenser les espèces d’arbres et le nombre de plants sur toutes les parcelles du projet, soit environ une soixantaine. Nous avons construit un calculateur Excel permettant d’évaluer le niveau de maturité des parcelles à l’aide d’indicateurs prenant en compte les nombres d’arbres. Les agriculteurs consacrent souvent entre 1/2 et 1 hectare de leur terrain – qui lui peut atteindre 50 ha – à l’agroforesterie. Le projet est relativement récent (2018); cinq ans à l’échelle du règne végétal, même dans un climat tropical, ne représente pas grand chose ! Le but est qu’à terme, les agriculteurs se débarrassent de leurs monocultures de maïs ou de yuca (manioc) très gourmandes en eau et faibles en vertus écologiques, pour embrasser complètement l’agroforesterie. Cela permettra de restaurer l’écosystème local et faire prospérer la biodiversité. Car en effet, l’agroforesterie permet d’augmenter les revenus de ceux qui la pratiquent en améliorant la productivité : la pression agricole exercée sur les parcelles forestières pour agrandir les champs sera donc en théorie diminuée. Mais pour cela, il faut convaincre les agriculteurs de la pertinence économique de l’agroforesterie. Et ça, ça prend du temps !

     Nous avons également aidé à la construction d’un séchoir pour les graines de guaimaro et des fleurs de Jamaïque (photos ci-dessous). La fleur rouge est récoltée à la main au sécateur, la graine est retirée de la fleur, qui est ensuite mise à sécher plusieurs semaines à l’abri de l’humidité. Une fois sèche, la fleur est vendue 40 000 $/kg (soit 8€) à Envol Vert, qui la revend par l’intermédiaire de sa marque Tamandua dans les grandes villes comme Bogota pour concocter des infusions.

      La fleur de Jamaïque est l’une des alternatives économiques encouragée par Envol Vert à travers Tamandua afin de garantir aux agriculteurs une sécurité économique. Cet arbre s’insère dans les systèmes agroforestiers, bénéficiant à la biodiversité, tout en offrant un produit à forte valeur économique.

     Nous avons également participé à l’entretien des “viveros” (pépinières) gérées conjointement par les agriculteurs. Ils y plantent des graines récoltées sur leurs parcelles agroforestières, veillent à la bonne croissance des jeunes pousses, pour à terme les planter sur leurs terres ou les vendre, offrant ici aussi une nouvelle alternative économique. Ces après-midi de travail sont pleines d’entraide et de bonne humeur, et sont pour nous l’occasion de dialoguer longuement avec les agriculteurs pour comprendre leurs besoins. En ce moment, ce sont les orangers (“Naranja Dulce”) qui sont à l’honneur !

    Le nom exact de l’écosystème dans lequel nous nous trouvons est “forêt sèche tropicale”. On peut y trouver un large spectre d’espèces d’arbres, d’oiseau, de reptiles et de fleurs. La Colombie est le pays qui compte le plus de diversité d’oiseaux et d’orchidée du monde. Environ 20% des oiseaux connus à travers le globe peuvent être trouvés en Colombie.

     Sur le terrain, nous évoluons avec Suzanne et Maria-Jose (photo ci-dessus), deux bénévoles d’Envol Vert Colombie, que nous remercions grandement pour leur pédagogie et leur patience dans notre perfectionnement de la  langue hispanique !

     Retrouvez notre montage récapitulatif de ces premières semaines en Colombie :