Bilan du Mandat 2022-2023

Sommaire

      1. Récap de nos actions
      2. Déforestation constatée
      3. Bilan de l’agroforesterie
      4. Technique Miracle ?
      5. Conclusion

Récap de nos actions

     Ça y est, nous y voilà, c’est la fin de notre mandat ! Deux ans d’investissement acharné, depuis la préparation jusqu’au voyage, en passant par la sélection des ONG et la récolte de fonds. Nous allons désormais passer le flambeau à une autre équipe surmotivée pour faire perdurer la lutte pour la conservation de l’environnement. Et d’ici à ce qu’elle prenne ses marques, nous continuerons à faire de la sensibilisation et de la vulgarisation sur nos réseaux Instagram et LinkedIn !

Voici un résumé de tout ce que nous avons fait durant ces 8 mois en Amérique du Sud :

a) Colombie

     Avec Envol Vert Colombie, nous avons découvert l’agroforesterie comme étant une technique en support à l’agriculture, qui permet d’enrichir l’environnement local en eau, humidité et en nutriments tout en restaurant la biodiversité. Nous nous sommes également initié à l’apiculture, et nous avons construit une pépinière, endroit où l’on fait pousser les jeunes arbres avant de les repiquer en pleine terre.

     Découvrez en plus : Projet Bosque Seco – Envol Vert Colombie et Projet Blé et Apiculture – Envol Vert Colombie

b) Equateur

     Avec Trésor de Nature en Equateur, nous avons pu approfondir nos connaissances sur l’agroforesterie. Nous avons alors compris à quel point cette technique demandait du temps, de la patience et de l’énergie, et nous avons pu voir ce à quoi ressemblait une parcelle agroforestière mature. Nous avons également découvert une autre stratégie agricole : l’agriculture naturelle, qui consiste à ne retirer que les plantes réellement dérangeantes. De plus, nous avons mis sur pied un centre de séchage pour le cacao de A à Z.

     Découvrez en plus : Centre de séchage cacao – Trésor de Nature Equateur

c) Pérou

     Avec Envol Vert Pérou, nous avons encore appris davantage sur l’agroforesterie, cette fois-ci sous le prisme économique. Nous avons réalisé qu’il existait des limites sociales et économiques dans la mise en place de l’agroforesterie, et que si ces limites étaient négligées ou ignorées, le projet de transition allait droit dans le mur. Nous avons également réalisé une étude de marché sur un produit alternatif apporté par un arbre intégré dans le système agroforestier, et nous avons participé à des montées en compétences données aux agriculteurs sur la méliponiculture. Enfin, nous avons géré des germoirs où l’on fait germer des graines, ainsi que des pépinières.

     Découvrez en plus : Agroforesterie Café-Cacao – Envol Vert Pérou

d) Bolivie

     Avec Cœur de Forêt en Bolivie, nous avons pu parachever notre introduction à l’agroforesterie. Nous avons cette fois-ci beaucoup appris sur sa dimension agronomique, tant par ce qu’elle apporte aux cultures de façon directe (ombre, humidité, pollinisateurs…) que par sa force de conservation des sols. Nous avons enfin pu estimer l’agroforesterie à sa juste valeur dans l’échelle de pertinence en matière de développement durable. Hormis cela, nous avons aussi travaillé pour la première fois sur de la reforestation pure, c’est-à-dire sur des grands espaces déforestés et non sur une parcelle agricole seulement.

Nous avons compris qu’il y avait des différences fondamentales – notamment sur la survie des arbres plantés – rendant le projet encore plus complexe et intéressant. Nous avons donc travaillé dur dans les différents germoirs et pépinières de l’association. De plus, nous avons pu approfondir nos connaissances sur l’apiculture et la méliponiculture – la culture des abeilles mélipones natives d’Amérique du Sud.

     Découvrez en plus : Reforestation, apiculture et agroforesterie – Coeur de Forêt Bolivie

Notre mandat en chiffres :

8 mois

4 pays

4 ONG

10 000€ récoltés et reversés

+32 000 arbres plantés

+200 agriculteurs aidés

6 écosystèmes étudiés

2 chantiers réalisés

Déforestation Constatée

     Durant tout notre trajet, nous avons constaté une déforestation importante. Cela nous sautait davantage aux yeux aussi parce qu’en France, nous sommes habitués aux plaines, aux pâturages et aux champs à perte de vue. Nos forêts ne sont plus que des petits îlots d’arbres. Lorsqu’on a une forêt infinie sous les yeux, ce ne sont plus les îlots de forêt qui détonnent, mais bien les espaces déforestés. Incendies – naturels ou humains – champs, pâturages, exploitation du bois, mines, routes… On sent à chaque fois la patte de l’Homme et de son mode de développement expansif.

     L’agriculture arrive en tête dans les chiffres : rien que 80% de la déforestation tropicale est liée à l’élevage bovin. Mais sur le terrain, c’est encore plus flagrant. Nous n’avons pas travaillé sur le thème de l’élevage, bien que ç’aurait été intéressant – pour le mandat suivant peut-être ? Cependant, nos trajets nous ont emmenés aux abords d’immenses pâturages grignotant la forêt depuis les routes. Avec, pour plusieurs hectares, quelques têtes seulement. Pour ce qui est de l’agriculture hors élevage, nous avons identifié un problème majeur : l’agriculture migratoire.

L'agriculture migratoire grignote petit à petit la forêt

     Pour rappel, l’agriculture conventionnelle et ses produits chimiques appauvrissent les sols jusqu’à tuer entièrement tout ce qui y vit (vers de terre, champignons, micro-organismes…). Cette vie est cependant ce qui permet aux plantes, donc aux cultures, de s’épanouir. (Mal)heureusement, les agriculteurs ont une solution : mettre encore plus de produits chimiques pour compenser la mort du sol et continuer le cercle vicieux. Jusqu’à ce que ce ne soit plus tenable. Ils quittent alors leur parcelle et, puisque la forêt vierge n’est à personne, partent déforester un peu plus loin. C’est ce qu’on appelle l’agriculture migratoire. On commence souvent par brûler un nouvel espace de forêt pour libérer l’espace et bénéficier de la fertilisation des cendres – qui dure environ 3 ans. Et en brûlant, on occasionne parfois des départs de feu incontrôlés… Ce cycle se répète tous les 10 ans environ.

     Il ne faut pas voir cela avec un regard moralisateur. Les agriculteurs n’ont souvent pas le choix : pour survivre, ils doivent garder leur productivité, et suivre les règles d’un jeu dont ils ne sont pas maîtres. Nous verrons plus bas comment les aider à abandonner ces pratiques.

     Car les pratiques, ce fût un sujet primordial pendant nos volontariats. Nous avons compris qu’une barrière sociale immense reposait dans ces “pratiques” habituelles. Ces techniques d’agriculture délétères sont ancrées chez les agriculteurs avec qui nous avons travaillé, ce qui crée une complexité sociale et économique dans le cadre des projets de conservation de l’environnement. Lorsqu’on fait la même chose depuis des décennies, lorsqu’on vous a toujours appris à fonctionner ainsi, se défaire de ces automatismes demande un effort immense. Surtout quand il s’agit d’abandonner un certain confort – désherber au glyphosate permet de sauvegarder son dos de nombreuses heures d’arrachage manuel. Seriez vous prêt à baisser votre chauffage ou à réduire vos déplacements pour préserver un climat qui ne vous affecte pas immédiatement ? C’est une question de règles du jeu, d’attrait pour le confort, le gain d’énergie, de temps, et d’argent. Et personne n’est réellement maître de ces règles. A moins que … ? A moins que le consommateur puisse profiter des règles pour changer le cours du jeu ! (voir plus bas)

Le brûlis permet de dégager rapidement une parcelle. Les cendres fertilisent le sol, mais les feux s'emballent parfois et finissent par brûler des hectares de forêts de façon incontrolée.
Nous avons désherbé à la main une parcelle en agroforesterie : c'est interminable.

Bilan de l'Agroforesterie

     On vous l’avait présenté avant de partir comme LA solution au problème de l’agriculture conventionnelle. Après ces 8 mois, on est capable de vous en dire un peu plus.

     Commençons par rappeler ce qu’est l’agroforesterie et dresser ses avantages :

  • L’agroforesterie est un mode d’agriculture. Cela consiste à utiliser les vertus écosystémiques des arbres pour renforcer les cultures sans avoir recours aux produits chimiques. Les arbres, par leurs racines, leurs feuilles, et leurs fruits, permettent de retenir de l’eau, de créer de l’humidité, d’accéder à des nutriments plus profonds qu’ils partagent avec les cultures, lutter contre l’érosion, créer de l’ombre, de la matière organique qui nourrit les cultures, mais aussi des insectes et des animaux, qui à leur tour peuvent nourrir les cultures. Et en bonus, ils offrent une barrière contre les ravageurs et maladies.
  • L’agroforesterie nécessite donc une étude avisée de la culture pour identifier ses faiblesses : eau, présence d’un ravageur, absence d’un certain nutriment… pour ensuite choisir les espèces d’arbres et les endroits où on va les planter. Cela repose sur des interactions inter-espèces qui sont connues dans la littérature ou sur le terrain. Ces interactions dépendent de chaque écosystème, ce qui rend délicate la généralisation de cette pratique à l’échelle mondiale dans sa mise en place.
  • L’agroforesterie est à but productiviste. Chaque arbre planté doit bénéficier à l’agriculteur : réduction des coûts (d’arrosage par exemple), revenu alternatif (via la vente d’un nouveau fruit par exemple), réduction à la dépendance de produits phytosanitaires (et aux entités qui les vendent), ou encore amélioration du niveau de vie (via la consommation de produits plus sains et divers apportés par les arbres entre autres).
  • L’agroforesterie a également des avantages écologiques et sociaux : elle lutte contre l’érosion, restaure la biodiversité, stocke du carbone via les arbres plantés, mais aussi améliore la qualité de vie de l’agriculteur en diversifiant ses produits, ne serait-ce que pour sa consommation personnelle, en garantissant une meilleure santé en se passant des produits phytosanitaires. En effet, les produits chimiques polluent les sols, l’eau et l’air. On respire, on boit et on ingère leurs restes. On retrouve par exemple du glyphosate dans les produits à base de céréales comme le pain, les pâtes ou la bière. Or, certains sont des perturbateurs endocriniens.

     Cependant, il nous a semblé que l’agroforesterie présente des limites importantes :

  • Du fait de la faible densité d’arbres plantés dans une parcelle agricole, l’agroforesterie stocke peu de carbone.
  • Les agriculteurs préfèrent souvent planter des arbres qui sont une source de revenu alternative (fruits, bois, etc…). Or il est plus intéressant de planter des arbres qui viennent de la zone (espèces “natives” ou “indigènes”) car elles sont adaptées à l’écosystème. Mais ceux-ci ne sont pas toujours exploitables financièrement.
  • Changer les pratiques agricoles est très difficile, ce qui représente une barrière sociale qui freine sa mise en place et son efficacité.
  • Se passer des produits chimiques, ce qui préserve les sols et garantit une productivité durable, présente cependant une barrière économique à court terme. Les produits chimiques “boostent” les cultures, et s’en passer revient à faire une croix sur une partie de ses revenus à l’instant présent, pour préserver les revenus dans le futur. Mais présenter la chose ainsi sans avoir gagné la confiance des agriculteurs au préalable est mission impossible.
  • Un système agroforestier est délicat à mettre en place pour une culture de céréales ou pour un maraîchage du fait de la haute densité des cultures. C’est également difficile pour le cas d’un pâturage – “sylvopastoralisme”.

     Ainsi, son réel avantage écologique serait ailleurs que dans le fait même de planter des arbres. Ce serait en fait plutôt que l’agroforesterie préserve les sols et assure une productivité pérenne : l’agroforesterie lutte contre l’agriculture migratoire. C’est donc plutôt une technique de préservation plus que de reforestation. Et en ce sens, elle a tout son mérite. Afin de s’inscrire entièrement dans une logique de développement durable, à savoir respecter les trois piliers que sont l’écologie mais aussi le social et l’économie, il faut arbitrer sur les pratiques agricoles. Se passer entièrement de produits chimiques garantirait d’embrasser pleinement l’objectif écologique, mais nous avons vu que cela n’est pas viable économiquement à court terme. Et forcer la main aux agriculteurs pour qu’ils changent radicalement leurs pratiques ne soigne pas non plus l’aspect social. C’est bien pour cela que l’on parle de “transition écologique” et non pas d’une “falaise écologique”. A chacun donc d’arbitrer entre ce qu’il faut faire et ce qu’il peut faire. Gardons patience et bienveillance !

     En somme donc, l’agroforesterie n’est pas LA solution, mais fait assurément PARTIE DE LA solution. Elle, parmi d’autres pratiques, permet de s’attaquer au problème de l’agriculture durable. Une bonne alliée donc, mais que nous devons épauler par d’autres alternatives permettant d’adresser une réponse complète au problème de la soutenabilité de notre société !

Technique miracle ?

     Dès lors, on peut se demander s’il existe une technique miracle. Notre réflexion est la suivante : l’agriculture productiviste, probablement nécessaire pour nourrir les 8 et quelques milliards d’humains, n’est pas réellement compatible avec la préservation de l’environnement. Mais l’Homme est une espèce à part entière, et il serait peut être contre nature de songer à diminuer notre espèce au profit d’autres. Le tout serait plutôt de trouver un équilibre : exploiter et artificialiser les espaces strictement nécessaires, sans altérer les autres. Il n’est pas question de laisser ces espaces restants inviolés par l’Homme, mais plutôt d’y vivre en communion avec les espèces que nous ne tolérons pas sur nos sites de production agricole. En d’autres termes : gardons nos champs là où ils sont et laissons prospérer le reste de la planète !

     Le problème est simple : si nous ne nous contentons pas du nécessaire et que nous artificialisons davantage, nous sortirons d’un équilibre durable, provoquant effondrement de la biodiversité, dérèglements climatiques à grande échelle et, à terme, extinction de notre propre espèce par manques de ressources pour répondre à nos besoins primaires. 

     La vie reprendra ensuite probablement son cours, ayant déjà traversé 5 extinctions de masse. Mais il s’agit ici de préserver notre futur à nous. Et c’est bien là tout l’enjeu de ce que nous appelons “écologie” – dans un sens pragmatique, au-delà même de l’argument de sensibilité au vivant.

     Alors que faire pour ne pas sortir de ce cadre durable et éviter l’artificialisation à outrance ?

     Du reste, nous ne nous sommes pas penchés sur la question, mais pour ce qui relève de l’agriculture, il s’agirait de stopper le phénomène de migration, et donc militer pour la préservation des sols. L’agroforesterie y œuvre, certes, mais elle montre de nombreuses limites; il convient donc de penser aux alternatives. Certains modes d’agroécologie, comme le BIO par exemple, permettent de prendre soin de la vie des sols en dépassant la barrière économique, profitant désormais d’un marché aux prix récompensant les efforts des agriculteurs.

Note sur les pratiques agricoles alternatives en France : 

     Il n’existe a priori pas de mode d’agriculture qui produit un meilleur rendement volume/surface que l’agriculture “conventionnelle” ou “intensive”. Celle-ci utilise des produits synthétiques pour optimiser la nutrition des cultures. Ce faisant, elle néglige les êtres vivants du sol qui s’occupent naturellement de nourrir les plantes. Ceux-ci disparaissent peu à peu, rendant les cultures dépendantes aux produits chimiques. Autre pratique délétère : le labour. Il consiste à retourner la terre pour l’aérer, l’oxygène accélérant certaines réactions chimiques et biologiques nourrissant les plantes. Mais laisser la terre à nu ainsi est néfaste pour ceux qui y vivent.

     L’Agriculture Biologique (BIO) a pour mot d’ordre entre autres de se passer des produits de synthèse, d’interdire le labour à plus d’une certaine profondeur, et de laisser un “couvert végétal” (laisser pousser ou planter des herbes en intersaison, ce qui protège la vie du sol en plus d’apporter de la matière organique une fois coupées). Cependant, comme pour toutes les alternatives au mode conventionnel, la productivité chute. On parle d’environ 30% en moins pour le BIO¹. Cependant, des arguments comme la qualité, le goût, la santé et l’éthique permettent de mieux valoriser les produits, ce qui compensent la perte de volume pour l’agriculteur en termes de revenu.

     Une autre alternative agricole en vogue en France s’appelle l’Agriculture de Conservation des Sols (ACS). Elle est pratiquée par 2% des agriculteurs. Le BIO, en comparaison, représente 8% des surfaces cultivées en France¹. On rencontre aussi le Maraîchage sur Sol Vivant (MSV), ou encore la fameuse agroforesterie. Et si on faisait monter leur cote de popularité ? 🙂

     Une autre piste, compatible avec tout type d’agriculture, nous vient tout droit du passé. Au Moyen-Âge, on savait conserver la productivité de nos sols avec une technique mentionnée dans les manuels d’Histoire au collège : la rotation des cultures. L’idée est de diviser ses champs en 3 parcelles, et d’y faire à tour de rôle 3 activités – on tourne chaque année.

      1. On commence par une culture – souvent des céréales pour la France.
      2. Puis on plante des légumineuses – comme des lentilles ou des pois – qui enrichissent le sol en nutriments (azote notamment).
      3. Et enfin, on laisse la parcelle tranquille pour qu’elle se régénère après 2 ans de culture. On appelle cela une jachère – ou prairie non pâturée. Et pour recommencer, on désherbe, on laisse au sol pour rendre au sol la matière organique, et on plante à nouveau nos céréales.

     On trouve dans les manuels d’Histoire une division en 3 zones, mais on peut en réalité diviser davantage notre terrain. L’idée est de ne pas surmener le sol avec la même culture chaque année, pour lui laisser le temps de se rééquilibrer en nutriments. En effet, chaque culture puise ses nutriments dans des proportions et des quantités différentes. Pour conserver un sol sain et équilibré, et ainsi une bonne productivité, il vaut mieux effectuer le plus de rotation possible. La rotation est obligatoire dans le BIO, et certains maraîchers découpent même leur parcelle en 50 cultures différentes. Plus notre champ est diversifié, meilleur se porte le sol, et plus l’ensemble de notre culture est résistante contre les ravageurs : les ravageurs de blé peuvent ne pas apprécier les tomates par exemple, et laissent alors nos cultures tranquilles. Evidemment, diversifier les cultures demande des efforts et une maîtrise d’un nombre d’espèces accru. Autre limite : la jachère permet une revitalisation du sol, en accueillant une meilleure biodiversité qui assure les interactions naturelles bénéficiant à notre culture. Cependant, cela implique de ne pas cultiver l’intégralité de notre terrain : on perd en productivité.

     La rotation des cultures ne suffit donc pas à résoudre tout le problème, mais y participe. Les politiques en ont déjà conscience : depuis 2023, la Politique Agricole Commune (PAC) impose que 35% d’une culture change d’espèce d’une année sur l’autre. Et en 2025, l’intégralité d’une parcelle devra changer de nature tous les 3 ans au maximum. Faire un couvert végétal va dans le même sens de conservation du sol, et permet de déroger à ces obligations². En bref, toute technique qui permet de préserver les sols est bonne à prendre : cela nous évite de nous étendre, et donc de faire pression sur les espaces “naturels” !

     Espaces naturels qui, pour compléter l’équation de la durabilité, doivent être protégés. Sans aller jusqu’à en chasser l’Homme, nous pouvons trouver une cohabitation : parcs naturels, gestion durable individuelle ou communautaire, exploitation douce et contrôlée (pas de surpêche, hydroélectrique ou éolien respectant les écosystèmes, etc.)… Le tout est de trouver la juste limite entre ce qui est nécessaire à notre espèce-société et ce qui nous nuira à terme.

Conclusion

     Vous l’aurez compris en suivant nos récits : déforester, c’est facile. On détruit sans trop d’effort un écosystème qui a mis des millénaires à trouver son équilibre, libérant au passage le carbone stocké par les plantes. Pour faire demi-tour, c’est une autre affaire. On ne peut faire pousser des arbres en quelques jours, ni rappeler la biodiversité et ses apports en un claquement de doigt. Il est alors clair qu’il vaut mieux lutter contre la déforestation que de reforester : on économise de l’énergie, de la biodiversité, et du temps, beaucoup de temps.

     L’agroforesterie ne nous semble pas être un bon candidat pour reforester car elle présente trop d’obstacles sociaux comme économiques. En revanche, elle permet de protéger la productivité naturelle des terres déjà cultivées et de ne pas intensifier la pression sur les forêts.

     La planète se portait très bien avant nous : tâchons de ne pas trop l’endommager pour nous sauver nous-même. Et pour cela, nous devons sensibiliser et former toutes les populations, producteurs, vendeurs et consommateurs, afin d’opérer un changement de paradigme à l’échelle mondiale.

     Les règles du jeu du capitalisme sont inflexibles, mais nous pouvons en tirer profit. En tant que consommateur, vous pouvez militer à votre échelle pour inviter les vendeurs puis les producteurs à changer leurs pratiques, forcés justement par ces règles d’offre et de demande. On vous invite pour cela à :

    • Consommer le moins de viande possible : les animaux nécessitent un espace immense pour paître, mais aussi un espace auxiliaire tout aussi grand pour produire leur nourriture. Cela accentue la pression sur les espaces “naturels” alors que nous pouvons nous en passer.
    • Vérifier la provenance et les moyens de production de ce que vous achetez : labels BIO, ACS, MSV, commerce équitable… mais aussi à vous renseigner sur les labels pour vous assurer qu’ils correspondent à vos attentes – certains sont parfois trompeurs.
    • En parler autour de vous, par exemple en partageant nos articles !

     Pour finir, nous voulions remercier toutes celles et ceux qui ont rendu cette expérience possible ! Nos associations partenaires, sponsors ZenConnect et ViaFerrata, mais aussi vous qui avez participé de loin ou de près, avec un petit don ou un simple partage d’article comme celui-ci !

     C’est tous ensemble que nous parviendrons à préserver le monde dans lequel nous vivons et évoluons ! A très vite !

– L’équipe Phoenix 2023     

Sources

  • ¹ Marc-André Selosse, podcast “Echanges Climatiques” sur Spotify
  • ² Politique Agricole Commune 2023 de l’UE, sur LaFranceAgricole